Je suis pas la meuf ronchon qui râle tout le temps. Généralement, mais très généralement, je suis le boute-en-train, la bonne copine, celle qui aime que tout se passe bien.
Je suis le genre à m’assurer que les gens soient heureux autour de moi. Du genre à me faire chier à connaître les allergies des uns et des autres quitte à ce que le plat n’ait plus du tout le goût escompté.
Je sais …
Je suis la meuf hypersensible, qui ressent les émotions des autres, voire malheureusement, qui les absorbe façon éponge. Tu auras beau me faire le plus grand des sourires, tu peux facilement être désarmé par mon regard implacable. Je vais souvent essayer de te faire cracher le truc. Parce que je sais que ça fait mal de le garder en soi. Parce que je sais que je ne te jugerai pas. Parce que je sais que je peux entendre.
Pourtant, ces temps-ci, je trouve que tu abuses. Tu te permets des comportements et des réflexions qui m’espantent.
Quand je dis « je sais« , c’est parce que je me connais. Et je connais mes limites. Alors j’aimerais, quand je cesse d’être celle que tu attends que je sois, ta latrine dans laquelle je te permets de chier liquide, que tu respectes le panneau « toilettes bouchées ».
Mon coeur après tes confidences
Quand tu viens me vomir au petit déjeuner tes problèmes de couple, sans un « bonjour comment ça va », mais parce que tu sais que tu peux me parler, mon ego ne suffit pas à me protéger de la colère que tu vas déverser.
Quand tu m’appelles quatre fois sur mon portable, et autant sur mon fixe, que je te réponds par sms que je te rappelle car je vomis mes tripes, pourquoi me laisser un message pour m’annoncer un décès ? Alors oui, il y a mort d’homme, mais à ce stade-là, tu crois que je peux le ressusciter ? En plus du fait que je sois malade, il fallait aussi me détruire le moral ?
Tu vois, ce ne sont que des exemples. Mais je pourrais t’en donner au moins un par jour. Alors parfois, tu penses bien que j’aie besoin de souffler. Alors je le dis à ma manière. Et puis je le dis là où le plus de monde pourra l’entendre. Comme ça je le dis une fois pour toutes.
J’ai fait ça la semaine dernière. J’ai demandé un appel au calme. On m’a demandé d’arrêter de chouiner, parce que mon bébé à moi n’est pas mort. En voilà une autre étrange façon d’annoncer les choses. Sans aucune violence.
Puis une autre mère la morale est venu me parler du qu’en dira-t-on et de mon image sur le net.
Manque de bol, en plus de ma fatigue et de mon ras-le-bol plein le cul, leurs attitudes sont venues faire résonner des blessures d’enfance.
Tais-toi et souris …
A toi qui te demandais pourquoi je ne m’épanche pas, voici la réponse. En dehors du fait que je ne sois pas une plaie purulente, rien dans ma vie ni dans ce que vous m’offrez de la vôtre ne me donne envie de m’épancher. Me confier, pour moi, c’est pleurnicher, me plaindre, et j’ai énormément de mal avec ça. Malgré le fait qu’elle soit une grande pleureuse devant l’Eternel, ma daronne adoptive m’a toujours appris à me taire et sourire.
Quand tu entends des adultes parler des difficultés de ta mère adoptive et du comportement que tu dois avoir avec elle, tu te tais et tu souris. Personne ne s’intéresse ni ne te demande ce que tu ressens. Personne ne saura jamais que tu as peur de cette femme. Personne ne sait que tu te sens en danger avec elle. Tais toi et souris, car elle a besoin que tu te comportes comme sa gentille petite fille.
Quand tu grandis dans la peur de mal faire, de mal être, sous le regard des gens, tu te tais et tu souris. J’avais une chambre qui était celle de mes soeurs. Deux lits, qui étaient ceux de mes soeurs. Une bibliothèque avec mes livres. Et un attaché case dans lequel il y avait une valisette en osier avec mes Barbies, et quelques bouquins, car je ne pouvais pas emmener toute l’étagère. Chaque jour, je vérifiais mon kit de survie. Prête à partir. Au cas où quelque chose dans mon comportement déplaise et que je finisse à la DDASS, comme promis. On s’en fout que tu aies peur, petite. Tais-toi et souris.
A force de te taire et de sourire, tu accumules la peur et la colère. Tu ne sais plus trop bien pourquoi. Surtout tu ne sais pas trop comment l’évacuer. J’ai tout mis dans ma corpulence, à la fois pour me protéger des agressions, mais aussi pour revendiquer une place, une voix. Quelques soient les circonstances, tu te tais et tu souris.
Ainsi, un jour, dans un groupe de prières, un homme s’est avancé vers moi pour me demander de prier avec lui. J’étais enceinte de 4 mois. Et il m’a dit les larmes dans les yeux, qu’il avait tué son enfant trisomique. Il y a prescription. Tu souris, tu le bénis et tu demandes au père qu’il est de prier pour que l’enfant que tu portes se développe bien. Et tu te tais.
Je te raconte aussi la fois où mon mari m’a trompée ? Tu vois, je ne l’aimais pas. J’étais malheureuse. Mais je n’ai jamais manqué de respect. Personne n’a jamais su mon désarroi. Parce que je me suis mariée à cause du qu’en dira-t-on. J’ai eu peur de divorcer à cause du regard de mon Eglise. Pourtant, ce jour-là, j’ai essayé de hurler ma colère. Je me suis levée un matin. J’ai cru qu’il s’agissait de ma session Facebook qui était ouverte. J’ai lu mon message privé. Une fille (moche) me disait que je lui manquais et qu’elle avait envie de me faire des trucs dans la voiture de ma mère. J’ai voulu hurler, non parce que j’étais cocue, mais parce qu’il m’avait menti. Il a pris son grade après m’avoir dit : « en sept ans, je ne t’ai jamais vue en colère, je peux bien te laisser parler et me taire« . Mais c’est encore moi qui me suis tue. Tu vas croire le contraire, mais ce que je vais te raconter, il l’a fait en toute innocence. Il m’a confié quelques jours plus tard les tenants et les aboutissants de son plan cul de l’été. Il m’a parlé comme à une bonne copine. Mais c’est à sa femme qu’il a montré des photos de la vulve de sa maîtresse. Je me suis tue et j’ai souri.
Qui veut le respect s’en procure …
Toi aussi, tu peux dire que tu ne m’as jamais vu en colère.
Et pourtant, UNE seule personne est venue me demander ce qui n’allait pas. En dehors d’elle, je n’ai entendu que jugement, que défense de l’autre harpie, en se basant sur ses allégations. J’avais envie de hurler, de vous démonter la gueule, de vous faire bouffer vos claviers. De vous tuer. J’avais envie d’être odieuse et de vous vomir à tous tout le mépris que j’ai pour vous ces jours-ci. Je vous ai détestés comme jamais je n’ai détesté personne ! J’en tremble d’un plaisir non coupable de vous le dire !
Clairement non, je ne vais plus me taire, ni sourire ! Plus jamais !
Je vais exiger le respect qui m’est du et que vous ne me donnez pas.
Je vais cesser de vous laisser me cracher à la gueule, m’infecter de vos émotions négatives. Ce mois-ci, on fête mon anniversaire et ma nouvelle naissance !
Pour rappel (ou information selon les cas), quand on a un minimum de respect pour quelqu’un, on peut procéder ainsi :
« Bonjour, ça va ? [tu as compris que je ne répondrai pas à cette question, jamais]. Est ce que tu as un instant à m’accorder s’il te plaît ? J’aurais une difficulté à te soumettre. Merci »
Parce que je n’ai jamais refusé mon oreille et mon cœur à quiconque, mais que parfois, moi aussi, je vis des choses difficiles dont je ne parle qu’à ceux qui savent spontanément m’ouvrir leur cœur pour que j’y repose le mien.
Parce que moi aussi je peux être fatiguée, avoir mes règles, ou subir une croix cardinale avec Mars en Bélier. Parce que moi aussi je peux juste en avoir marre de la morosité ambiante.
Parce que je n’ai absolument pas à me justifier devant qui que ce soit des décisions que je prends pour mon bien.
Tu vois, ma vie a été ce qu’elle est et a eu son lot de douleurs. Mais est ce que je dois réellement tout te raconter pour que tu comprennes mes décisions ?
Toi, ferme ta gueule !
Le 28 mai, la petite fille va avoir 35 ans Elle chie sur ce que les gens pensent d’elle, car elle est fière d’être la femme qu’elle est aujourd’hui. Elle est fière de sa vie, car ses épreuves lui ont appris la compassion. Et à force de souffrir de cette compassion, elle a appris à se respecter. Enfin. son respect elle va se le procurer. Enfin. Et si ça ne te plait pas, c’est toi qui ferme ta gueule et qui te casse, surtout sans te retourner. Vraiment, tu m’as trouvée violente ? Mais tu ne sais pas toute la crasse (ta crasse, au demeurant) que j’ai eu envie de te balancer. J’ai été, figure-toi, douce et mesurée !
La petite fille ne se taira plus en souriant
La petite fille ne se taira plus